texte présentation le cercle des souvenirs

Le cercle des souvenirs
Sa forme rappelle celle d'un crâne.
Certaines formes, certains éléments disparaissent à la lumière surexposée et réapparaissent dès qu’ils se retrouvent dans l’ombre. Les émotions, les sentiments, les souvenirs apparaissent et disparaissent suivant l’instant, suivant ce que l’on vit, et surtout suivant notre état émotionnel au moment où l’on se souvient.
En s'éloignant et selon les endroits où l'on se place, les fragments de peinture plastifiés suspendus reconstituent un portrait qui ne représente personne en particulier, laissant la possibilité de construire ses propres images mentales.
En revanche, lorsque l'on se tient près de l'installation chaque élément apparaît indépendant donnant une impression de morceaux fragmentés, disloqués, comme un puzzle mélangé.
En conséquence, de près il se dégage une impression de chaos. Alors que l'éloignement réorganise l’ensemble sous forme d'un portrait en 3 D.
Toute l'installation interroge l'empreinte ou la trace du passé qui reste en mémoire au fil du temps qui passe, les souvenirs fragmentés voir réinventés qui restent.
Dans chaque souvenir, il existe une part de réel et d’irréel, d’invisible et de visible que je cherche à retranscrire.
A partir de mes propres souvenirs, de cette histoire que je veux raconter, je mets en scène des éléments peints évoquant des fragments de vies, des résidus, des traces, des empreintes, des documents…
D'où mon choix de réaliser des images aux couleurs délavées parfois nettes, parfois floues, incomplètes, déchirées, inspirées du réel ou provenant de mon imaginaire.
Le grillage ainsi que le fil de fer à l’intérieur du dispositif, retranscrivent l'architecture anatomique des cellules nerveuses.
Par ailleurs ce fil de fer, plus ou moins visible en fonction des jeux de lumières, intervient pour structurer le dispositif en dessinant des liens entre les différents fragments de souvenirs, d'images mentales suspendus.
Au centre, les 2 éléments arrondis représentent les neurones, siège de la pensée et de la mémoire.
L’un deux est éclairé de l’intérieur pour exprimer l'idée du fonctionnement électrique de l’activité cérébrale, et symboliser la conscience.
Ce qui m'a intéressée c'est que le neurone est une cellule dont la structure rappelle celle d'un arbre ou plus particulièrement d’une plante : l’Aloe Véra. Ces ramifications font penser aux racines des plantes qui vont puiser dans la terre les éléments essentiels à leur survie.
En effet, le neurone étend de longs prolongements avec de multiples ramifications à son extrémité qui sont autant de connexions vers d'autres neurones pour recevoir ou envoyer des informations en utilisant des impulsions électriques.
De nombreux liens s'établissent alors entre les différents neurones permettant la pensée mais surtout, ce qui m’intéresse ici, la mise en mémoire, le stockage plus ou moins précis voir imprécis des souvenirs.
Et justement, ce qui m’intéresse ce sont la déperdition des souvenirs, les réminiscences, les morceaux épars qui restent au fil du temps qui passe.
A partir de ces morceaux, chaque personne se réinvente une image de son passé en partie imaginaire, fantaisiste.
C’est un arrêt sur image, le souvenir devient important, unique, On choisit de se souvenir de certaines choses et d’en oublier d’autres.
On réinvente ses souvenirs, la personne que l'on a connue, ce que l'on a vécu.
Ce qui nous a marqué.
Parfois on va les sublimer, d'autre fois on va en exagérer, les noircir... (On peut choisir d'être un héros ou une victime). On fantasme son passé.
Les excroissances sous forme de fil de fer recouvert de plastique bulle sont là pour représenter les liens invisibles qui existent entre la conscience individuelle et la conscience collective.
Ils s'échappent du noyau central formé par le neurone éclairé, et se prolongent vers l’extérieur pour établir un lien, des échanges entre les souvenirs individuels et les souvenirs collectifs. Ce fil conducteur invisible qui nous relie également les uns aux autres, nous permet de construire une histoire individuelle, familiale et collective.
Par moment, le fil de la mémoire se rompt et puis se repique un peu plus loin créant une ramification qui se fraye un chemin entre les traces des souvenirs ; Des souvenirs universels.
L’utilisation du plastique bulle est là pour renforcer l’idée de fragilité de la mémoire qu’elle soit individuelle ou collective.